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solitudes sauvages de l’Amérique[1]. Des ministres éminents dans le parti non conformiste accompagnaient cette colonie qui ne ressemblait à aucune de celles qu’avait connues l’histoire, colonie non point d’aventuriers, mais de chefs de famille qui se rendaient au désert, accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants, pour y porter le flambeau de l’Évangile, pour y prier Dieu en liberté. Aussi selon le récit d’un contemporain, qui donne à juger d’un mot de l’esprit des émigrants, c’était au moyen de trois longs sermons par jour qu’on charmait les ennuis de la traversée.

À leur arrivée, le 29 juin 1629, les colons trouvèrent le reste misérable d’une première émigration partie l’année précédente, sous la conduite d’un enthousiaste nommé Endicott, et établie dans un lieu que le gouverneur, avec l’affectation du temps, avait nommé Salem, du nom de la ville sainte[2].

Les émigrants qui avaient suivi Endicott, et les nouveaux arrivants avaient les mêmes principes religieux ; c’étaient des puritains de l’espèce la plus rigide, et pour des hommes de ce caractère, l’établissement d’une église était un intérêt qui devait effacer tous les autres. Aussi, dès le premier jour, et sans égard pour la charte qui leur

  1. J. Milton. Of Reformation in England ; édit. de Fletcher, t. I, p. 14.
  2. Salem est encore aujourd’hui une des villes principales de l’État de Massachussets, et fait un commerce considérable avec les Indes.