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nant un démenti à son passé et cédant à une illusion que partageait Franklin, avait remis le gouvernement à une seule chambre ; c’en fut assez pour qu’elle s’abîmât dans l’anarchie et tremblât devant l’émeute, au moment même où la paix la laissait maîtresse de ses destinées. Ce fut alors que l’immortel Hamilton, et Jay, et Madison, et tous les vrais amis de la liberté se réunirent pour sauver la patrie, et firent nommer cette Convention de 1787 qui rédigea la constitution.

Que de sagesse dans les délibérations ! Quel désir honnête de fonder la liberté sur la justice et sur le respect des droits de tous ! Et plus tard, quel courage pour faire adopter cette loi commune aux treize États divisés par mille passions diverses ! Ce dévouement du moins produisit une des constitutions les plus parfaites que connaisse l’histoire, et une de celles qui déjà a duré le plus longtemps. Deux chambres, toutes deux peu nombreuses ; un sénat mêlé sagement à l’administration ; un président chargé de peu d’attributions, mais libre dans son action, et enfin, ce que nous n’avons jamais connu, un pouvoir judiciaire vraiment indépendant, et assez fort pour maintenir dans le devoir les chambres même, en les empêchant de violer la constitution. Que de leçons pour nous dans cette loi dont nous connaissons si peu l’esprit !