Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/28

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Et à côté de cette division des pouvoirs si sage, et fondée sur une si longue expérience, quel ménagement de l’individu, quel respect de ces droits et de ces garanties sans lesquels la liberté politique n’est qu’un nom ! La liberté religieuse, la liberté individuelle, la milice, le jury mis au rang des droits inviolables ; partout ce soin jaloux qui craint l’usurpation ou la faiblesse des assemblées.

Toutefois ces prescriptions n’étaient point ce qui me frappait le plus ; nous les avons souvent répétées dans nos constitutions, et elles y sont restées une lettre morte. Mais aux États-Unis les mœurs y soutiennent les lois, et ces dispositions sont vivantes parce que chaque citoyen en sait tout le prix, et est prêt à les défendre. Il y a d’ailleurs une sentinelle vigilante qui ne laisse jamais le peuple s’endormir sur ses libertés menacées ; c’est la presse, cette gardienne nécessaire de tous les droits publics et privés. En France, il est aisé de faire le procès de la presse, nous en avons beaucoup souffert, et ses excès nous ont aveuglés sur les services que seule elle peut rendre. Mais l’homme n’abuse-t-il pas de toutes les forces qui sont à sa disposition, et avant tout n’abuse-t-il pas de la plus précieuse de toutes, de sa propre vie ? Eh bien ! la presse est la vie même du corps social, et quelque abus qu’on en fasse, on n’en détruira jamais la nécessité. C’est ce qu’on a com-