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mander beaucoup à ces fermiers disséminés sur le soi, perdus dans les forêts, qui se nourrissaient et s’habillaient de leurs propres mains, et pour qui l’argent était souvent chose inconnue.

Telle est encore aujourd’hui la situation des États de l’Ouest, qui sont parmi les plus démocratiques, et le Michigan, par exemple, nous représente assez bien ce qu’était, il y a deux siècles, le New-Hampshire ou le Connecticut.

Ainsi le caractère de la race portait à l’indépendance, et le genre de vie concourait à développer ce fier sentiment. Le régime communal n’y servait pas moins, et ce régime, qui depuis deux siècles fait la force de la Nouvelle-Angleterre, mérite notre attention ; car c’est la base la plus solide de la liberté américaine. Un des mérites de M. de Tocqueville, c’est d’avoir bien compris l’importance de cette organisation, et de l’avoir mise en pleine lumière.

Les États-Unis sont, comme le nom l’indique, une fédération, c’est-à-dire que la souveraineté centrale est limitée et n’absorbe point la souveraineté locale. Mais, en outre, les États particuliers sont eux-mêmes constitués dans leur intérieur comme l’Union, et chacun d’eux peut être défini une fédération de petits États souverains et indépendants dans certaines limites. Ces petits Etats, ces petites républiques portent le nom de towns ou townships, ce qu’on a rendu en français par le mot