Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/310

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Quand l’Italie a-t-elle été brillante et à la tête de la civilisation moderne, sinon à l’époque de la floraison de ses municipalités ? D’où vint la richesse des Flandres, sinon de la puissance des communes ? Qui fait aujourd’hui de la Belgique un des pays les plus industrieux et les plus libres du continent, sinon cette organisation municipale qui a maintenu le goût de la liberté au travers de tant de dominations diverses ? Quand l’Espagne a-t-elle commencé de décliner, sinon après l’oppression des communes de Castille ? et pourquoi les provinces basques sont-elles les plus actives et les plus éclairées de la monarchie catholique, sinon qu’elles ont conservé leurs fueros ou privilèges municipaux ? L’Angleterre, le pays d’Europe où l’esprit de liberté est le plus général, doit cette grande conquête à l’ancienneté de ses municipalités, presque aussi indépendantes que celles de l’Amérique.

Chez nous, c’est du règne de Louis XIV, c’est-à-dire de l’avénement du despotisme, que date la destruction des dernières libertés municipales ; on en savait le prix cependant, et sous Louis XVI, Malesherbes, un an avant la révolution d’Amérique, en 1775, s’écriait avec une noble éloquence :

Il restait à chaque corps, à chaque communauté de citoyens le droit d’administrer ses propres affaires, droit que nous ne disons pas qui fasse partie de la constitution pri-