Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ponsabilité, toute action, toute vie ; sur cette pyramide élevée par le despotisme, nous voulons superposer des libertés qu’une telle base ne comporte pas. Les Américains, au contraire, ont pris la liberté pour fondement de leur édifice ; aussi est-il impossible d’imaginer que leur gouvernement puisse être autre chose qu’une démocratie. Comment la tyrannie s’établirait-elle dans une contrée où le moindre citoyen a un intérêt direct, journalier, au maintien des libertés publiques ; car la liberté, pour lui, ce n’est pas le droit d’envoyer dans la capitale des députés qu’il ne connaît guère et qui feront des lois qui ne l’inquiètent pas ; la liberté, pour lui, c’est la construction d’une route qui passe près de son bien, d’un pont qui lui permet d’aller en tout temps au marché, d’une école où on élève ses enfants ; en un mot, c’est un droit qui le touche d’aussi près que les droits civils. Comment arracher du cœur de cet homme le besoin, la passion de la liberté ; il tient à ses privilèges de citoyen autant que nos paysans à leur propriété.

Du reste, et quoi qu’on puisse dire en faveur de la centralisation, il est aisé de prouver, l’histoire à la main, que les États les plus prospères, et enfin les plus grands, ont été ceux où les libertés municipales ont été le plus complètes.