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l’imperium, en vertu d’une loi particulière, le consul ou le préteur ne pouvait plus rentrer dans Rome sans abdiquer ; et pour qu’un triomphateur montât au Capitole, revêtu de ses insignes militaires et entouré de ses troupes, il fallait un décret du sénat ou du peuple. On voit que les Romains comprenaient de quels ménagements la liberté a besoin, et l’expérience prouva combien leurs craintes étaient fondées. Dès que l’armée fut composée de gens qui n’avaient point de propriété à défendre, et pour qui la guerre était un métier, retenus qu’ils étaient par des conquêtes lointaines, Rome fut trahie par ceux qui devaient la garder ; Marius et Sylla s’en disputèrent les dépouilles ; leurs successeurs se battirent autour d’un cadavre.

En Angleterre, d’autres causes et un même amour de la liberté, amenèrent des effets semblables[1]. Dans la féodalité, le service était fait par les propriétaires de terres, et c’était un service limité, contractuel, et qui attestait la liberté même de celui qui servait. Plus tard, les communes se firent place dans le système féodal, et dans ses longues guerres contre la France, ce fut avec ses yeomen et ses milices que l’Angleterre nous fit tant de mal. Il n’y eut d’armée permanente, dans la Grande-Bretagne, que celle du parlement, sous Charles Ier,

  1. Macaulay, the History of England, chap. iii.