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et elle fit la révolution. Ce fut elle qui, après avoir tué le monarque, dégradé la noblesse et ruiné l’Eglise, finit par donner à Cromwell une autorité plus que royale. Aussi, à la restauration, vit-on reparaître l’horreur des armées permanentes. La seule force armée que reconnut la loi, ce fut la milice, espèce de landwehr fournie et entretenue par les propriétaires, et qu’on exerçait quinze jours par an. Les beaux esprits du temps, les courtisans qui, dans leur exil, avaient admiré les troupes régulières de Louis XIV, ne se faisaient faute de railler ces paysans maladroits, et il n’est pas d’épigramme contre notre garde nationale que Dryden n’ait dite deux siècles plus tôt contre la milice anglaise[1] ; mais cela n’empêchait pas cette institution d’être populaire par excellence. On avait trop souffert des habits rouges d’Olivier, et on redoutait trop l’exemple de la France, pour vouloir de ces armées qui empêchaient la liberté.

C’est ce qui explique comment le prince d’Orange, avec une poignée d’hommes, renversait Jacques II, et comment Charles-Edouard espérait reconquérir la couronne de ses pères avec quelques milliers de Français et d’Espagnols. Toute

  1. Dryden, Cymon and Iphigenia.

    Mouth without hands, maintained at vast expense,
    In peace a charge, in war a weak defence.
    Stout once a month they mardi, a blustering band,
    And ever, but in time of need, at band.