Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/400

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vous y trouverez Penn accusé d’intrigue, de vanité, d’entêtement, et cela pour l’acte le plus honorable de sa vie, pour cette fermeté trop rare chez les hommes qui nous fait vouloir la liberté non-seulement pour nous, mais pour les autres, alors même que nous les croyons dans l’erreur. Quand Jacques II offrit la tolérance à toutes les opinions, les non-conformistes se liguèrent avec l’Église établie ; comme tous les partis ambitieux ou fanatiques, ils oublièrent le passé, les persécutions, le martyre, la liberté tant de fois réclamée ; il fallait à tout prix écraser le papisme qui relevait la tête, et qui, disait-on, serait une arme aux mains de la tyrannie. Voilà ce que M. Macaulay nomme le patriotisme des non-conformistes. Penn qui ne voyait que la consécration de la liberté dans l’offre du roi, quel que fût l’esprit qui l’eût dictée, Penn ne voulut point se démentir. Rester fidèle à ses principes, c’est là ce que tous les partis nomment de l’entêtement ; on est toujours un orgueilleux, un homme indomptable quand on n’écoute pas, quand on n’épouse pas leur passion. L’histoire de Penn n’a donc rien de particulier ; mais ce qui est remarquable, c’est qu’après un siècle et demi les passions soient encore assez vivaces pour qu’on recommence des accusations semblables, et qu’on défende un tel paradoxe. M. Macaulay a beaucoup d’esprit, mais Voltaire qui n’en manquait pas a depuis longtemps justifié la