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conduite de Penn, et, à moins que le monde ne devienne whig, il est à croire que l’opinion restera fidèle à ce vieil apôtre de la tolérance et de la liberté.

Après la révolution de 1688 Penn fut mis de côté, comme partisan du roi déchu. Il se proposait de retourner en Amérique, lorsqu’il fut arrêté, jeté en prison, ruiné par la persécution. Locke, qu’il avait défendu auprès du roi Jacques, voulut intercéder pour lui ; mais Penn aima mieux attendre la justice ; elle vint fort tard et ce ne fut qu’en 1693 que, grâce à l’influence de Rochester, on lui rendit la liberté ; en même temps on lui restitua la charte qui le constituait propriétaire, et qu’on avait révoquée en 1692.

Il songea alors à retourner en Amérique, pour s’y fixer ; mais quand il arriva dans la plantation, les choses étaient bien changées. La colonie, ne relevant plus que d’elle-même, s’était organisée en démocratie pure ; elle s’était attribué la nomination du Conseil, et le gouverneur de la plantation n’était autre que le président du Conseil. La législature s’était aussi emparée des nominations judiciaires. Si bien que Markam, le représentant de Penn, put dire avec raison en ouvrant la session : « Vous êtes réunis, non point en vertu de ma convocation, mais en vertu d’une loi faite par vous-mêmes. » Dès l’arrivée du propriétaire on lui demanda de renoncer à ses privilèges et de faire une constitution définitive. Penn défendit ses droits