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homme faisant profession de croire en Jésus-Christ. Telle fut cette constitution dont l’esprit moderne n’a point dépassé les conditions libérales.

Penn toutefois quitta la colonie peu satisfait de la façon dont l’avaient accueilli les planteurs ; à son retour, il obtint qu’on ne le troublerait point dans ses droits, et nous le voyons bien accueilli à la cour de la reine Anne.

Il était réservé à de nouvelles épreuves. Ruiné par les sacrifices de toute espèce que lui avait imposés la colonisation (il évaluait le chiffre de ses dépenses à 120 000 livres sterling), il lui fallut aller en prison non plus pour délit religieux ou politique, mais comme un débiteur insolvable. Ce fut alors, en 1702, qu’il songea, dit-on, à céder à la couronne, moyennant 12 000 livres sterling, cette province qui lui avait coûté si cher, mais il insistait pour le maintien des libertés coloniales, et la couronne, qui rêvait l’union des plantations américaines en un seul empire, ne se souciait guère d’acheter une démocratie, c’est-à-dire un gouvernement dont on ne pouvait disposer à son gré.

Néanmoins, ce marché dont s’effrayait avec raison la colonie allait s’accomplir quand une attaque d’apoplexie frappant William Penn et affaiblissant son esprit ne lui permit plus de donner suite à ce projet. Il languit de 1712 à 1718, et mourut laissant dans l’histoire un noble et saint souvenir, car il avait, dans une lon-