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gue vie, comme fondateur d’un grand État, donné l’exemple mémorable d’un homme toujours fidèle à ses convictions, et qui, sans s’éblouir du pouvoir, n’y avait vu qu’un moyen de faire triompher la tolérance et la liberté.

Le gouvernement qu’il avait fondé subsista ; c’était une pure démocratie, et non pas la moins parfaite de ces républiques que l’Amérique comptait déjà en grand nombre.

Une autorité exécutive qui ne pouvait rien sans la nation ; la législation remise à l’assemblée qui choisissait aussi les juges ; tous les fonctionnaires inférieurs nommés par le peuple ; point de police armée, point de troupes permanentes, point de forteresses ; une liberté complète d’opinions ; nulle église privilégiée, nulle différence de rang ; un port ouvert aux hommes de toutes races, de toutes langues, de toutes croyances, en un mot un État soutenu par la seule raison, c’était là certainement une sainte expérience, une tentative hardie, et qui nous ferait reculer aujourd’hui.

Ce gouvernement serait-il assez fort pour maintenir l’ordre, prévenir ou châtier le crime et protéger la propriété ? La confusion, la discorde, la ruine n’y entreraient-elles pas de toutes parts ? Ou bien, dans ce gouvernement remis entre les mains du peuple, confié à sa seule sagesse, sans autre police que celle qu’il établirait lui-même, verrait-on la richesse et la population s’accroître,