Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/407

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En deux mots, ce que l’utopie était pour Thomas Morus et Salente pour Fénelon, la Pensylvanie l’était pour Voltaire, qui seulement donnait à la philosophie une force que la religion avait le droit de revendiquer. À cela près, il avait raison ; la république qu’il montrait en exemple à l’Europe endormie sous un despotisme énervant, ce n’était pas un gouvernement imaginaire, mais un État véritable, et quand il glorifiait cet asile de la tolérance et de la liberté, on ne pouvait point lui reprocher, comme à Tacite, de prêter des vertus aux Barbares pour écraser d’autant la corruption de ses compatriotes. Les lois dont Voltaire faisait l’éloge étaient des lois vivantes, et elles ont duré sans altération jusqu’à l’indépendance de l’Amérique ; preuve glorieuse qu’en religion comme en politique le suprême ressort : c’est la liberté.