Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/505

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui, malgré la distance, met la société américaine plus près de nous que la société anglaise.

Il y a donc là pour nous une étude du plus haut intérêt.

Toutefois, il y a dans cette étude de certaines difficultés à vaincre pour que nous sentions bien toute l’importance, toute l’influence de ce principe d’égalité. Cette difficulté tient à ce que l’égalité est dans l’air même que nous respirons. Quand on nous expose tout ce qu’a produit la liberté aux États-Unis : l’organisation communale, la séparation de l’Église et de l’État, etc., la différence des institutions nous montre aussitôt combien les Américains ont été plus loin que nous dans la pratique du libre gouvernement. Mais si je vous dis qu’il n’y a en Amérique ni noblesse héréditaire, ni pairie, ni clergé établi, en un mot, nulle aristocratie, et si descendant jusqu’au droit civil, où d’ordinaire l’aristocratie jette ses plus profondes racines, je vous expose la condition des terres en Amérique, la facilité de transmission, la simplicité du droit de succession, toutes institutions qui sont les nôtres, je crains que vous ne saisissiez pas complètement ce qu’il y a de particulier dans la société américaine, ce qui, dès l’origine, la sépare de la société anglaise, la cause, enfin, qui, le jour où l’Amérique a été maîtresse de sa destinée, en a fait