Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/536

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et d’abord, il faut qu’il se bâtisse une maison, un loghouse. Pour se faire une idée de cette demeure, il faut avoir vu en Suisse non point les charmantes habitations des vallées, mais les grossiers chalets de la montagne. Telle est la loge de l’émigrant. Les premiers arbres abattus, placés horizontalement les uns sur les autres, enchevêtrés dans des poutres transversales, voilà toute la construction. Bien heureux si l’on n’est pas trop loin d’un moulin à scier qui fournisse quelques bardeaux pour couvrir le toit ! Un peu de boue délayée pour fermer les interstices du bois ; une pierre pour établir le foyer de la cheminée ; quelques planches pour échapper à l’humidité du sol, et voilà bientôt terminée la maison qui doit abriter toute une famille habituée quelquefois au bien-être de l’Europe. Ce n’est pas tout, il faut maintenant que le planteur défriche le sol. C’est avec la hache et le feu qu’il attaque ces arbres séculaires, puis entre les troncs qu’il ne peut extirper faute de bras et d’outils, il gratte la terre, et dans ces cendres sème quelques grains, quelques pommes de terre pour se nourrir pendant cette première et si rude saison.

Maintenant suivez cet homme après quelques années, et si la fièvre ne l’a pas emporté, s’il a pu résister aux miasmes dangereux qui, sous l’action du soleil, se lèvent de ces débris végé-