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sures pour détourner les conséquences que nous n’avons que trop de raisons de redouter[1] ! »

C’est dans une situation aussi délicate, au lendemain de la guerre, au milieu de ces passions que soulèvent les révolutions et qui, comme les vagues de la mer, s’agitent longtemps encore après l’orage ; c’est au travers des ambitions et des jalousies de toute espèce, qu’entreprirent de sauver la patrie des hommes qui, pour le dévouement au pays, la force de caractère, l’énergie des convictions, ne le cèdent en rien à ce que l’antiquité nous offre de plus admirable : Washington, Hamilton, Franklin, Jay, Madison, noms immortels dans l’histoire de l’Amérique et du monde ! En fondant un gouvernement national, à force de lumières, de courage et de patience, en fermant la révolution, Washington et ses amis sauvèrent une seconde fois la patrie ; et ce triomphe, moins éclatant que le premier, montre mieux dans tout leur jour ces nobles caractères. Pour doter l’Amérique de cette constitution aujourd’hui adorée, il leur fallut risquer leur popularité, lutter contre l’injustice et la calomnie, emporter chaque résolution de haute lutte, et pendant dix-huit mois ne jamais se lasser, ne désespérer jamais. Mais aussi, la victoire gagnée, on eut comme un pressentiment de la majesté de cet édifice dont les fondements avaient

  1. Lettre du 15 août 1786. Life of John Jay, p. 247.