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connaître, et la comparaison des moyens qu’employèrent les législateurs américains pour fermer la révolution, et de ceux auxquels nous avons eu recours en France, ne sera certainement pas la partie la moins curieuse ni la moins utile de nos études.

Mais nous ne pouvons même pas en rester là, et je n’étonnerai point ceux qui sont familiers avec les études historiques en disant qu’il faudra remonter plus haut que la révolution de 1776, si nous voulons la comprendre.

Accepter cette révolution comme un accident qui n’aurait pas eu de raison d’être, comme une émeute fortuitement excitée par l’avidité fiscale du gouvernement anglais, et supposer qu’après la victoire les Américains, étonnés de posséder une liberté à laquelle rien ne les avait préparés, se seraient, comme des esclaves subitement affranchis, donné une constitution toute nouvelle, une œuvre d’art créée, improvisée par les politiques du moment, œuvre sans passé et sans racine, ce serait nous condamner par avance à ignorer l’esprit des institutions que nous voulons étudier.

Il suffit de connaître sommairement les causes de la révolution américaine pour toucher au doigt cette erreur[1].

  1. Conf. Ed. Everett, Ovations and Specches. Boston, 1850, t. I, p. 105.