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la gardienne du phare

Plusieurs fois, durant cette promenade, Madame Dumond fit ce geste de regarder en arrière et c’était si énervant, que bientôt, Claire, sans même s’en rendre compte, jeta, elle aussi, un regard pardessus son épaule.

« Avez-vous entendu quelque chose ? » demanda Madame Dumond — et Claire crut lire une grande frayeur dans ses yeux — « Le bruit des branches de saules s’entrechoquant, est comme celui d’une personne marchant avec précautions ! » et la pauvre femme frissonna.

— « Je n’ai rien entendu », dit Claire.

Rentrée à la maison, la jeune secrétaire se remit à l’ouvrage et elle travailla jusqu’à cinq heures, l’heure du dîner. Après le dîner, avant même de quitter la salle à manger, Madame Dumond fit une petite inclination de la tête et dit à Claire :

« Vous êtes libre de disposer de votre temps à votre guise maintenant, jusqu’à dix heures demain matin. »

Claire comprit qu’on lui donnait congé et elle monta dans sa chambre. Bientôt, elle entendit frapper à sa porte, c’était la jeune servante qui venait lui apporter un billet de Madame Dumond : « J’ai oublié de vous dire que je vous donne accès à la bibliothèque pour y prendre les volumes qu’il vous plaira. Peut-être aimez-vous la lecture, je ne sais. »

Claire profita de la permission et descendit choisir deux livres qu’elle apporta dans sa chambre. Cette permission que lui donnait Madame Dumond lui faisait grand plaisir, car elle aimait passionnément la lecture.

Cette première journée fut le prélude de beaucoup d’autres, toujours pareilles. Le temps passait vite et un jour, Claire fut presque surprise de constater qu’il y avait déjà deux mois qu’elle remplissait la charge de secrétaire de Madame Dumond. Claire était tout à fait heureuse : Madame Dumond avait l’air de l’aimer et, à part quelques jours où elle paraissait un peu irritable, elle n’adressait jamais de reproches à la jeune fille et semblait très-contente de son secrétaire.

Le personnel des « Saules » n’était pas nombreux : à part la jeune servante, dont le nom était Zénaïde, il n’y avait qu’un