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la gardienne du phare

cocher — jardinier à ses heures — et la vieille Azurine, qui cumulait les fonctions de cuisinière et de ménagère. Zénaïde avait voué une sorte de culte à Claire, mais Azurine n’aimait pas la jeune fille. Il y avait près de vingt ans qu’elle était employée chez Madame Dumond et comme elle aimait jalousement sa maîtresse, elle ne pouvait souffrir de la voir entourée des soins d’une étrangère. Aussi, était-elle fort désagréable pour la jeune fille ; lorsque Claire lui transmettait un ordre de Madame Dumond, la vieille femme ne l’exécutait pas, ou bien elle l’exécutait mal, espérant attirer sur Claire les reproches de Madame Dumond. Cette haine de la servante n’inquiétait guère la jeune fille… Cependant, il y a un proverbe anglais qui dit : «  Even a worm will turn. »[1]

Somme toute, Claire était heureuse… Où étaient maintenant les pressentiments qui l’avait étreinte à son arrivée aux « Saules » ?

CHAPITRE III

Le jardin de Claire

Un jour en se promenant, Claire découvrit, à l’autre bout du parc, des « Saules » une vaste clairière située sur le bord d’un pittoresque petit lac.

« Quel magnifique jardin on ferait de cette clairière ! » se dit la jeune fille. « Il n’y a pas une fleur autour de cette maison. »

Après le lunch, Claire ne put résister au désir de parler de sa découverte à Madame Dumond. Puis elle ajouta :

« N’aimez-vous pas les fleurs. Madame Dumond ?… Je n’en vois pas une seule sur votre propriété. »

— « Ce n’est pas que je n’aime pas les fleurs, Claire ; mais je ne me suis jamais donné la peine de m’occuper de ces

  1. Tad. Le ver de terre même se retourne contre l’agresseur.