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Rien n’empêche quelques hommes, unis par les dogmes les plus pervers et les pratiques les plus ridicules, de recruter dans l’ombre les esprits mal
faits, d’attirer les esprits aventureux par le charme des initiations, de les persuader au moyen d’un enseignement sans contrôle, de les saisir par un but grand et éloigné, dont cent générations se sont
transmis, croient-ils, le culte profond enfin de les lier par les parties basses du cœur de l’homme en
consacrant leurs passions sur des autels inconnus du reste de l’humanité. Il y a aujourd’hui dans le
monde telle société secrète qui ne compte peut-être pas trois initiés, et qui remonte par une succession
invisible jusqu’à l’antre de Trophonius ou aux souterrains
des temples de l’Égypte. Ces hommes, tout pleins de l’orgueil d’un si rare dépôt, traversent imperturbablement les siècles avec un profond mépris
de ce qui s’y fait, jugeant de tout par la doctrine privilégiée qui leur est échue, et préoccupés du seul désir d’engendrer une âme qui soit, à leur
mort, l’héritière de leur occulte félicité. Ce sont les Juifs de l’erreur. Ainsi vécurent les Manichéens, apparaissant ça et là dans l’histoire, comme ces monstres qui suivent au fond de l’Océan des routes
ignorées, et qui quelquefois élèvent leur tête séculaire au-dessus des flots. Mais il y eut cela de merveilleux dans leur apparition du douzième siècle, que pour la première fois ils arrivèrent à un commencement
de société publique. Spectacle vraiment inouï! ces sectaires, que le Bas-Empire avait tenus
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