Aller au contenu

Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 1 - Vie de Saint-Dominique.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— 32 —


mettaient à ce genre de vie le nom de chanoines réguliers. Ils ne formaient pas un seul corps sous un même chef; mais chaque maison avait son prieur, qui ne relevait que de l’évêque. Il faut excepter toutefois l’ordre des chanoines réguliers de Prémontré, fondé en 1120 par saint Norbert. Or l’évêque d’Osma, Martin de Bazan, jaloux de contribuer à la restauration de l’Église, avait récemment converti les chanoines de sa cathédrale en chanoines réguliers, et, instruit qu’il y avait à l’université de Palencia un jeune homme d’un rare mérite, originaire de son diocèse, il avait conçu l’espérance de l’attacher à son chapitre ainsi qu’à ses desseins de réformation. Il chargea de cette affaire l’homme qui avait été son principal appui dans l’œuvre difficile qu’il venait d’accomplir, homme illustre dès lors par sa naissance, son génie, sa science et la beauté vénérable de sa vie, mais qui joignit plus tard à ces qualités, communes à d’autres, un titre que nul ne partage avec lui. Il y a six siècles que l’Espagnol dom Diégo de Azévédo est couché sous une pierre que je n’ai pas même vue, et pourtant je ne prononce son nom qu’avec un respect qui m’émeut. Car ce fut le médiateur choisi de Dieu pour éclairer et conduire le patriarche d’une dynastie dont je suis l’enfant, et quand je remonte la longue chaîne de mes aïeux spirituels, je le rencontre entre saint Dominique et Jésus-Christ.

L’histoire ne nous a pas conservé les premiers. entretiens de dom Diego avec le jeune Gusman;