Page:Laffitte - Le grand malaise des sociétés modernes et son unique remède.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vité il pense peu à ses petits-enfants, qui sont encore loin ; il ne se soucie pas du tout de ses arnère-petits-enfants qu’il ne connaîtra presque jamais. Aussi la certitude que dans quatre-vingts ou cent ans, les concessions des chemins de fer, de Suez ou de Panama prendront fin, n’a jamais arrêté un seul capitaliste de souscrire à leurs émissions.

Abordons maintenant l’objection capitale : la propriété paysanne.

La France est une nation de paysans, dit-on communément. Et sur cette constatation on donne la volée à des nuées de préjugés sur leur condition, d’erreurs sur les statistiques, de déductions hypothétiques. Il convient donc de ramener les choses à leur réalité et les chiffres à leur exactitude.

Dans une étude sur le prolétariat en France depuis 1789, d’après les documents officiels, M. Toubeau nous apporte d’utiles précisions. On croit généralement, dit-il, qu’en France c’est la petite propriété qui domine. On entend partout répéter que, depuis 1789, les paysans n’ont cessé d’acheter de la terre et qu’aujourd’hui ils possèdent la plus grande partie du territoire. Les statistiques officielles démontrent, contrairement à l’opinion générale, que le paysan qui cultive son propre fonds possède moins d’un dixième du sol français ; les neuf dixièmes du territoire appartiennent à des personnes étran-

110