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et l’instrument agricole qui lui permettra de perfectionner son exploitation, il n’hésitera pas : il achètera de la terre et s’en tiendra, pour son matériel rural, aux seules machines que le défaut de main-d’œuvre rend indispensables. Et ainsi la propriété paysanne oscille du morcellement à la reconstitution, maintenant un vague équilibre, mais ne progressant que lentement ; tandis qu’infatigablement le paysan poursuit son travail de danaïdes pour la reconstitution de son petit domaine, mettant pour y parvenir toutes ses disponibilités à l’achat de terres et négligeant de perfectionner son outillage agricole. C’est à ce fait, plus qu’à la petite propriété, qu’il faut attribuer les progrès trop lents de la culture en France.

« On a prétendu, écrit l’économiste allemand Schmoller, que bientôt toute la terre cultivée serait et devrait être condensée en grandes exploitations pour produire mieux et plus. Mais, même dans l’Amérique du Nord, les fermes géantes ne constituent que passagèrement des fractions de la terre cultivée. Sur le continent européen tout entier, non seulement il n’est pas vrai que la grande exploitation agricole gagne du terrain, mais en réalité elle fait place çà et là à la petite exploitation. Il n’est même pas vrai, en général, que la grande exploitation produise davantage et à meilleur marché que la moyenne, en tout cas plus que la petite

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