Page:Laffitte - Le grand malaise des sociétés modernes et son unique remède.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

par une longue hérédité. Parlant du paysan du xvie siècle, Avenel écrit : « Quand il s’agissait de traiter, de définir les droits réciproques, le campagnard sentait obscurément sourdre dans sa cervelle les prétentions inavouées des aïeux à la possession exclusive du bois comme de la lande. La tradition confuse du communisme foncier, que pratiquent toutes les sociétés humaines dans leur enfance et dont tant de vestiges existaient encore, le rendait hostile au partage. »

Plus près de nous, lorsqu’en 1873 l’Espagne, renouvelant à quatre-vingts ans d’intervalle l’erreur de la Convention, s’efforça de détruire le patrimoine communal, les paysans se soulevèrent pour remettre en vigueur l’ancien droit collectif. Dans un discours prononcé alors, M. Silvela disait aux Cortès : « L’idée socialiste est chez nous un héritage de l’ancien régime qui lui avait donné ses lettres de naturalisation, Dans la plupart de nos villages, la révolution est considérée comme un retour légal à des habitudes communistes qui sont restées dans notre sang ; elle signifie l’accès libre dans la propriété municipale et quelquefois dans la propriété particulière, le renversement des clôtures, la jouissance commune de la jachère et même de la moisson. Cette façon d’entendre la liberté n’est pas née des prédications modernes, ni des promesses des déma-

118