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Il est une propriété plus vieille que la propriété foncière, aussi générale qu’elle, qui s’étage tout au long des siècles, des premiers âges de l’humanité jusqu’à nos jours : c’est l’esclave. Né avec les premiers balbutiements de la civilisation, l’esclavage, qui représente la première tentative d’organisation du travail, a été pendant plus de cinquante siècles le grand réservoir de main-d’œuvre de l’humanité. C’est pourquoi l’antiquité le considérait comme une des principales causes de la civilisation et Aristote l’avait jugé indispensable aux sociétés humaines. La Bible elle-même le mentionnait, le légiférait ; Agar était une esclave et les anges du Seigneur lui dirent : « Retourne chez ta maîtresse et remets-toi entre ses mains. » Aux temps modernes, le philosophe Locke l’avait admis dans sa constitution modèle des Carolines.

Propriété infiniment précieuse, plus encore que la terre, — car la terre est stérile où les bras manquent — l’esclave représenta toujours une valeur très recherchée. Selon Mommsen, « l’idée de propriété chez les Romains n’était pas primitivement associée aux possessions immobilières, mais seulement aux possessions en esclaves et en bétail ». La valeur de cette propriété augmenta aux temps modernes, où le recrutement des esclaves ne fut plus assuré par les conquêtes militaires, mais organisé en un commerce très important et très prospère encore

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