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au xixe siècle, avec ses armées de traitants, de surveillants, ses flottes qui transportaient le « bois d’ébène » à travers le monde. Au milieu du siècle dernier, grouillaient encore sur les vastes plantations des deux Amériques, dans les mines du Brésil, des troupeaux d’esclaves qui représentaient pour leurs propriétaires une richesse importante, considérée aux prix d’achat.

C’est cette valeur millénaire que, sous la pression de conditions économiques puissantes, un vent de sentimentalité balaya. Le phénomène commença aux États-Unis où, dans une guerre civile de quatre années, il mit aux prises le Nord, partisan de l’abolition de l’esclavage, et le Sud, pays des planteurs, qui s’armèrent pour conserver la propriété de leurs esclaves.

La cause de la guerre de Sécession se présente encore à nous sous la niaise affabulation de la Case de l’oncle Tom. Elle est en réalité dans la révélation qu’apportait aux Nordistes l’antagonisme de leur prospérité agricole, industrielle et minière avec la torpeur du Sud agricole, que le travail indolent et machinal des esclaves avait, depuis cinquante ans, laissé en dehors de la magnifique renaissance économique où se revivifiaient l’Europe et les États-Unis du Nord. La rivalité naquit de la conviction pour le Nord que l’esclavage amenait la ruine de ce Sud, riche pourtant de magnifiques ressources, alors que, pour les planteurs du Sud, l’abolition de l’escla-

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