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À la veille de la Révolution un étranger voyageant en France résume son impression sur notre pays par ces mots : délire de fiscalité. Ces mêmes mots s’appliquent à merveille à notre situation actuelle.

Cette situation, on la connaît : 330 milliards de dettes représentant un intérêt annuel de 14 milliards. Et quand je dis : on la connaît, j’exagère ; en réalité on l’ignore. Dans une conférence récente M. Lellier, directeur honoraire au ministère des finances, déclarait : « Personne ne sait ni le montant de nos recettes, ni le montant de nos dépenses, non plus que le chiffre de nos dettes. » Et comme s’il eût voulu augmenter la stupéfaction de ses auditeurs, il ajoutait : « Depuis sept ans il n’y a plus ni comptabilité ministérielle, ni comptabilité financière. C’est par des moyens de fortune qu’on supplée à la comptabilité régulière. »

Ces moyens de fortune sont partout, dans les finances elles-mêmes aussi bien que dans la comptabilité. On se tire d’affaire par des expédients, qui nous conduisent au délire de fiscalité parce que, pour des financiers sans imagination, l’impôt est la grande ressource, le moindre effort.

Tout ce que la main peut atteindre devient matière à impôts : où qu’on aille et quoi qu’on fasse, on paie un impôt, étalé ou déguisé. Et ces impôts se superposent, s’enchevêtrent, se

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