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répondent l’un à l’autre, reviennent sans cesse comme refrain d’une même chanson. L’impôt sur le chiffre d’affaires frappe plusieurs fois le même objet, dans chaque main qu’il passe ; l’impôt sur le revenu frappe là où l’impôt sur les salaires avait déjà frappé, et comme un sourd. C’est une invraisemblable cacophonie : d’innombrables répercussions engendrent des perceptions à l’infini. Au milieu de ce vacarme on ne s’entend plus. Personne ne s’y reconnaît plus, ni les percepteurs, qui vont au maximum de peur de se tromper ; ni leurs agents qui font revivre au sujet de la taxe de luxe les plus beaux modes de l’inquisition fiscale ; ni les notaires qui, perdus au milieu des innombrables droits d’enregistrement, de timbres de toutes sortes, font de ces droits de timbre ou d’enregistrement des applications qui varient d’une étude à l’autre. À chaque budget c’est un essoufflement vers des impôts nouveaux ; on finira par tout atteindre : comme au déclin de l’empire de Charlemagne, comme à la veille de la Révolution, on prélèvera sur tout et partout.

Chaque impôt nouveau alarme des intérêts qui se mettent en position de défense : selon que les syndicats professionnels réuniront une majorité au Parlement ou y seront en minorité, l’impôt persistera ou disparaîtra. Et ainsi à mesure que les impôts se créent, les privilèges fiscaux se multiplient.

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