Page:Laffitte - Le grand malaise des sociétés modernes et son unique remède.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

contre la noblesse l’effet des haines de races et de populations diverses. Championnière fait observer, au contraire, qu’un grand nombre de justiciers était pris parmi les tributaires et même parmi les esclaves ; c’est à l’exercice de leur action, à l’abus de leur pouvoir, en un mot à leurs droits et à leurs exactions qu’il faut attribuer les révoltes et leurs sanglants résultats. Ce qui rend cette assertion manifeste, c’est que les mêmes résistances se rencontrent sous l’administration royale exerçant, dans l’intérêt du fisc, les perceptions seigneuriales revêtues de nouveau du caractère d’impôt public. Les dernières années du règne de Louis XIV furent signalées par de perpétuelles révoltes dont les historiens du grand roi ont à peine parlé et qui, néanmoins, furent graves et générales. Ce sont encore les paysans, c’est-à-dire les contribuables, portant seuls alors le fardeau de l’impôt et payant de leur sang et de leur misère la gloire du monarque, qui se refusent à lui abandonner la dernière subsistance de leurs familles et s’arment pour la défendre. C’est à ces causes que se rattachèrent les résistances de la Bretagne ; c’est devant la taille, le fouage, la capitation, que le laboureur se révoltait. Les horreurs que décrit Lactance sont renouvelées par les agents du fisc royal ; le collecteur pénètre dans les chaumières à la tête de soldats armés ; le contribuable est arraché de son foyer, maltraité,

139