Page:Laffitte - Le grand malaise des sociétés modernes et son unique remède.djvu/156

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vérifié, à la fois si général et si constant qu’on pourrait poser en axiome ces lignes de Letourneau : « Les sociétés progressent en force et en nombre tant qu’elles sont soumises à un régime de solidarité ; elles languissent et déclinent par les excès de l’individualité. » Aux beaux jours de la Grèce, la population foisonnait avec une telle vigueur qu’Aristote propose gravement de réprimer par l’avortement légal ce croît excessif. Au contraire, durant la période de décadence, la Grèce meurt par disette d’hommes. Polybe écrit : « Citons ce décroissement de la population, cette pénurie d’hommes qui de nos jours se fait sentir dans toute la Grèce, qui rend nos villes désertes, nos campagnes incultes, sans que des guerres continuelles ou des fléaux, comme la peste, aient épuisé nos forces. » Plutarque affirme que de son temps toute la Grèce ne pouvait fournir les 3.000 hoplites que Mégare seule envoyait à la bataille de Platée.

L’augmentation de la population est tellement liée à la propriété collective qu’à Java on a proposé le partage de la dessa et le régime de la propriété perpétuelle et privée comme le plus sûr moyen de mettre un terme à une natalité excessive. Java est en effet le pays du monde où la population augmente le plus rapidement par l’excédent des naissances sur les décès, fait très exceptionnel sous les

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