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Il nous reste à réfuter l’objection que ne manquera pas de soulever le projet de limitation du droit de propriété foncière : l’incompétence de l’État à gérer l’immense domaine qui lui reviendra au terme de sa nue propriété.

La gestion d’État jouit d’une détestable réputation, justifiée par les résultats de ses exploitations industrielles. Il est entendu que ses allumettes ne prennent pas et que son tabac est plein de bûches et d’embûches. Mais les pires ennemis de toute exploitation d’État n’ont jamais proposé de lui enlever la perception des impôts. Il est même généralement reconnu qu’au moins jusqu’à la guerre, notre administration des finances était excellemment gérée et contenait des éléments de premier ordre, dont les établissements privés utilisaient très volontiers les services.

C’est que l’État a, comme tout individu ou toute collectivité, ses aptitudes et ses incapacités. « L’État, écrit Alfred Fouillée, ne peut intervenir avec profit que là où se trouve à remplir quelque fonction qui soit : 1o générale et constante ; 2o mécanisable en quelque sorte. L’État convient mal pour tout ce qui est flexible, variable, pour tout ce qui exige une intelligence pratique, du tact, un esprit d’accommodation aux circonstances ; un corps administratif est le plus souvent sans initiative, sans zèle, sans

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