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geois cossu sous Napoléon, des princes de finance sous la République[1].

Ce sont là, dira-t-on, terrains exceptionnels. Mais ceux de l’Étoile, du Trocadéro, de Passy, d’Auteuil ne le sont pas moins, dont la hausse depuis cinquante ans seulement fut formidable. Car il n’est souvent pas besoin d’un siècle pour réaliser ces fabuleuses plus-values. En 1893, le secrétaire de Richard Wallace héritait de celui-ci d’immeubles au boulevard des Italiens et rue Taitbout, qu’il cédait à une compagnie d’assurances pour huit millions ; vingt ans plus tard, cette société refusait pour ces mêmes terrains une offre de trente-deux millions. Après Taitbout, voici la Muette : Érard, le grand facteur de pianos, y acquérait en 1803 le château de la Muette, au prix de 800.000 francs ; le comte de Franqueville refusait à la fin du siècle une somme de trente millions pour ce même domaine qu’il mit lui-même en lotissement quelques années avant la guerre.

D’un siècle à l’autre, les prix montent à des hauteurs qui paraissent exagérées et qui pourtant, stationnaires un temps, ne s’arrêtent jamais. À la fin du xviiie siècle le terrain valait 56 cen-

  1. Les prix que nous donnons dans ce chapitre sont exprimés en francs actuels, non seulement d’après la valeur de la monnaie à chaque époque, mais d’après cette valeur multipliée par le pouvoir d’achat de l’argent à cette même époque.
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