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lion. Le propriétaire fut alléché par la plus-value de son immeuble tant du fait de l’augmentation des loyers après guerre que de la notoriété de l’hôtel et des aménagements très heureux qui y avaient été faits. À tout hasard il tenta le procès et allégua qu’on avait construit un escalier et installé un ascenseur sans son autorisation ; sous ce prétexte futile il demanda la résiliation d’un bail qui représentait une fortune. Fait monstrueux et qui montre le prestige sauvage dont jouit le droit de propriété immobilière, les juges n’hésitèrent pas à lui immoler le droit de propriété commerciale de la société exploitante. Le bail fut donc résilié, la société hôtelière ruinée et le propriétaire reçut sur un plateau d’or ce cadeau magnifique que lui faisaient les juges de France au nom du droit de propriété immobilière, inviolé et inviolable. Les cas sont assez fréquents de commerçants ainsi dépossédés de tout leur actif en vertu des clauses d’un bail, contrat léonin imposé par le propriétaire tout-puissant à un locataire que la rareté des locaux oblige à accepter les yeux fermés toutes les conditions de location, qu’il n’eût d’ailleurs pu discuter sans voir lui échapper le local convoité.

Ainsi, où que nous l’observions et sur quelque point que nous l’examinions, nous constaterons que la propriété foncière constitue un privilège unique, sans aucune analogie avec toute autre

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