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de nouvelles découvertes ; elle exciterait leur génie inventif, au grand profit du domaine public qui doit, en fin de compte, prendre possession de tous les brevets. »

Si le droit de propriété foncière a négligé de faire sa part à l’élément social, le droit de propriété industrielle la lui a faite trop belle, si belle que cette limitation excessive, en sauvegardant les intérêts de la collectivité au mépris de tout équilibre et de toute justice, a découragé les inventeurs et manqué ainsi le but qu’elle voulait atteindre. C’est que nos législations en sont encore dans tous les pays à un état assez barbare et que la véritable protection intellectuelle ne commencera qu’avec un état social supérieur au nôtre.

Est-il étonnant que, faussé à sa conception, notre inique droit foncier, à son tour, fausse tout ? Voici une propriété qu’on acquiert avec du génie ou du talent et elle est limitée dans sa durée ; mais celle-là est éternelle qu’on acquiert avec l’argent.

Ce n’est pas ici seulement que l’argent prime toute autre valeur ; mais parce qu’elle possède seule le pouvoir de conférer la perpétuité, la propriété foncière contribue à assurer à l’argent cette persistance de l’idée de suprématie. Vos lois, vos mœurs, vos préjugés, rien n’est fait pour aider l’homme d’un talent ou d’une supériorité quelconques, tout pour protéger

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