Page:Laffitte - Le grand malaise des sociétés modernes et son unique remède.djvu/93

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Alfred Fouillée : Pourquoi la société renoncerait-elle à bénéficier pour sa part d’un phénomène qui est éminemment social, la plus-value progressive, et pourquoi en abandonnerait-elle aux seuls individus tous les bénéfices légitimes ? Aux économistes de chercher ici les meilleures voies à suivre ; mais supprimer les impôts au moyen de profits faits par l’État, substituer la rente spontanée, qui est un bénéfice social, aux charges pesant sur les contribuables, conséquemment éteindre peu à peu la dette publique, voilà un assez beau résultat pour qu’on cherche sérieusement les moyens de l’atteindre.


Letourneau : On peut se demander à quelles mesures devront recourir les nations modernes pour conjurer les catastrophes qui les menacent. Leur droit est incontestable et certaines en usent, par exemple l’Angleterre qui, tout récemment (Letourneau écrivait ceci en 1889) et par simple mesure administrative, diminuait d’un seul coup de 14 pour 100 en moyenne les redevances des fermiers irlandais et, par suite, de neuf millions environ les revenus des landlords. Le mal à combattre est déjà sensible : il n’est pas incurable ; nous n’en sommes pas encore où en était la Rome décadente. On peut aviser, même user de remèdes à long terme, et ce sont les bons. Il est en effet insensé de vouloir transformer par un coup

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