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chacun en possession de la propriété à laquelle ses besoins et ses capacités lui donnent droit.


Laveleye : Citoyens de l’Amérique et de l’Australie, n’adoptez pas le droit étroit et dur que nous avons emprunté à Rome et qui nous conduit à la guerre sociale. Revenez à la tradition primitive de vos ancêtres. Si, en consacrant le droit naturel de propriété, les sociétés de l’Occident avaient conservé l’égalité, leur développement normal eût été semblable à celui de la Suisse. Elles auraient évité de passer par l’aristocratie féodale, par la monarchie absolue et par la démocratie démagogique qui nous menace…

Tôt ou tard, la situation économique étant à peu près partout la même, partout l’hostilité des classes mettra la liberté en péril, et plus la propriété sera concentrée, plus la société sera menacée de bouleversements profonds.

Les démocraties modernes n’échapperont à la destinée des démocraties antiques qu’en adoptant des lois qui aient pour effet de répartir la propriété entre un grand nombre de mains. Il faut arriver à réaliser cette maxime supérieure de la justice : « À chacun suivant ses œuvres, » de sorte que la propriété soit réellement le résultat du travail, et que le bien-être de chacun soit en proportion du concours qu’il apporte à l’œuvre de la production.


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