Page:Laffitte - Le grand malaise des sociétés modernes et son unique remède.djvu/98

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Les philosophes et les économistes ne se sont pas contentés de dénoncer un état funeste à la civilisation ; ils se sont efforcés d’y trouver remède. Le professeur Wagner, de Berlin, a proposé le rachat de la propriété urbaine par les municipalités et par l’État. Paul Leroy-Beaulieu a limité ce rachat aux terrains non bâtis, sous la forme de l’expropriation publique. Reprenant et rectifiant ce projet, Alfred Fouillée suggère qu’après avoir acquis les terrains vagues, l’État et les villes ne les revendent pas par parcelles aux enchères, comme le demandait Leroy-Beaulieu, mais en conservent la propriété en les affermant simplement pour soixante ou cent vingt ans.

Nous ne nous arrêterons pas à examiner ces projets, qui ont le rachat à leur base, parce que, dangereux avant la guerre, ils sont aujourd’hui irréalisables. Plus sage est la suggestion, approuvée par Leroy-Beaulieu lui-même, de réserver à l’État et aux municipalités le profit de la plus-value dans le présent et dans l’avenir. Toutefois est-il indispensable de tomber d’un excès dans l’autre et, sous prétexte que pendant longtemps le côté social du droit de propriété a été sacrifié, de lui immoler brusquement le côté individuel ? Puisqu’il est prouvé que cette méconnaissance du caractère social du droit de propriété fut une erreur énorme et dangereuse, ne méconnaissons pas

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