Page:Laffitte - Le grand malaise des sociétés modernes et son unique remède.djvu/99

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à notre tour le caractère individuel de ce droit.

Mais voici que parle la sagesse même avec cette proposition de Laveleye, qui intéresse les pays neufs et les colonies, de ne plus aliéner des territoires immenses pour des sommes dérisoires ; mais de les concéder pour des périodes de soixante ou cent ans, comme le font les lords anglais. Hélas, ce projet dont l’adoption eût été féconde il y a cinquante ans, à l’époque où Laveleye le formulait pour la première fois, présente moins d’intérêt aujourd’hui que le sol de nos colonies, en sa plus grande surface, a été presque entièrement distribué, pour le plus grand préjudice de la nation.

Quel est donc l’aveuglement des législateurs et leur asservissement au droit romain qu’ils n’aient pas compris jadis ce que la suggestion de Laveleye contenait d’admirables possibilités d’avenir pour la France coloniale et quelles richesses elle lui apportait ? Que n’a-t-on imité, dès ce moment, les législateurs du second empire qui, en concédant le réseau de nos chemins de fer pour un temps limité, ont assuré leur retour entre les mains de l’État et préparé ainsi à nos descendants une succession magnifique. Les défenseurs des grandes concessions coloniales ne nous objecteront pas que la construction d’une ligne de chemin de fer, avec ses travaux d’art, ses gares, son

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