Page:Laforgue - Œuvres complètes, t1, 1922.djvu/47

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Oh ! tout là-bas, là-bas… par la nuit du mystère,
Où donc es-tu, depuis tant d’astres, à présent…
Ô fleuve chaotique, ô Nébuleuse-mère,
Dont sortit le Soleil, notre père puissant ?

Où sont tous les soleils qui sur ta longue route
Bondirent, radieux, de tes flancs jamais las ?
Ah ! ces frères du nôtre, ils sont heureux sans doute
Et nous ont oubliés, ou ne nous savent pas.

Comme nous sommes seuls, pourtant, sur notre terre,
Avec notre infini, nos misères, nos dieux,
Abandonnés de tout, sans amour et sans père,
Seuls dans l’affolement universel des Cieux !