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DES FLEURS DE BONNE VOLONTÉ

III

METTONS LE DOIGT SUR LA PLAIE

Que le pur du bonheur m’est bien si je l’escompte !…
Ou ne le cueille qu’en refrains de souvenance !…
Ô rêve, ou jamais plus ! Et fol je me balance
Au-dessus du Présent en Ariel qui a honte.

Mais, le cru, quotidien, et trop voyant Présent !
Et qui vous met au pied du mur, et qui vous dit :
« À l’instant, ou bonsoir ! » et ne fait pas crédit,
Et m’étourdit le cœur de ses airs suffisants !

Tout vibrant de passé, tout pâle d’espérance,
Je fais signe au Présent : « Oh ! sois plus diaphane ? »
Mais il me bat la charge et mine mes organes !
Puis, le bateau parti, j’ulule : « Oh ! recommence… »