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DES FLEURS DE BONNE VOLONTÉ

Et puis, le vent s’est tant surmené l’autre nuit !
Et demain est si loin ! et ça souffre aujourd’hui !
Ah ! pourrir !… — Vois, la Lune même (cette amie)
Salive et larmoie en purulente ophtalmie…

Et voici que des bleus sous-bois ont miaulé
Les mille nymphes ! et (qu’est-ce que vous voulez)
Aussitôt mille touristes des yeux las rôdent,
Tremblants, mais le cœur harnaché d’âpres méthodes !
Et l’on va. Et les uns connaissent des sentiers
Qu’embaument de trois mois les fleurs d’abricotiers ;
Et les autres, des parcs où la petite flûte
De l’oiseau bleu promet de si frêles rechutes
(Oh ! ces lunaires oiseaux bleus dont la chanson
Lunaire, après dégel, vous donne le frisson !)
Et d’autres, les terrasses pâles où le triste
Cor des paons réveillés fait que Plus Rien n’existe !
Et d’autres, les joncs des mares où le sanglot
Des rainettes vous tire maint sens mal éclos ;
Et d’autres, les prés brûlés où l’on rampe ; et d’autres
La Boue où, semble-t-il, Tout ! avec nous se vautre !…

Les capitales échauffantes, même au frais
Des Grands Hôtels tendus de pâles cuirs gaufrés,