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POÉSIES

Le trèfle noir manquait de nez !
Il jonglait avec des cœurs rouges,
Mais sa valse trinquait aux bouges
Où se font les enfants mort-nés.

Et cette valse, ô mad’moiselle,
Vous dit les Roland, les dentelles
Du bal qui vous attend ce soir !
— Ah ! te pousser par tes épaules
Décolletées, vers de durs pôles
Où je connais un abattoir !

Là, là, je te ferai la honte !
Et je te demanderai compte
De ce corset cambrant tes reins
De ta tournure et des frisures
Achalandant contre nature
Ton front et ton arrière-train.

Je te crierai : « Nous sommes frères !
» Alors, vêts-toi à ma manière,
» Ma manière ne trompe pas ;
» Et perds ce dandinement louche
» D’animal lesté de ses couches,
» Et galopant par les haras ! »