Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/170

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— En chasse ! en chasse ! clame Syrinx qui, divinisée à cet appel, a sauté sur pieds et reprend son galop vers la journée ! en poussant des clameurs de Walkyrie !


Hoyotoho !
Heiaha !
Hahei ! Heiaho ! Hoyohei !


C’est à recommencer. Avant de descendre de son piteux arbre, Pan doit observer quelle direction la belle va prendre. Puis, il lui faut revenir, escalader ce talus de côté par la pente douce. Mais l’indignation l’anime d’une primitive ardeur ! Caliban se réveille ! Il pousse de rauques abois de pauvre ours incompris et qu’on a fait trop jongler ! La petite en ses bonds divins a de l’avance, mais ce n’est plus qu’une affaire de temps !

Et la légendaire poursuite de la nymphe Syrinx par le dieu Pan continue dans l’accablante après-midi qui finira bien par se fondre en soir...

Elle est femme, c’est sûr maintenant ! Il l’aura, il l’aura ! Ce sera là-bas, au sommet de cette colline bleuâtre, au plus ; ou bien tout au creux de la vallée d’après, et il lui fera peur au fond d’un antre qu’il sait et où l’on glisse dans des humidités. Tout est Tout, et il la forcera bien à crier Aditi ! Après tout, c’est bien lui qui finira par demander pardon, mais n’importe ! Oh ! Diane, avec son discobole pâle, peut se lever ce soir, elle en verra de belles ! Ce n’est pas pour rien que tout est dans Tout !

On traverse de grands bois de pins en solitudes kilométri-