Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/171

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quement claustrales où il fait sombre depuis le commencement du monde quand Dieu dit : « Que la lumière soit ! » Et la divine enfant emplit par bonds ces grandioses corridors d’intraitables clameurs :


Hoyotoho !
Heiaha !
Hahei ! Heiaho ! Hoyohei !


— Ô appels de gloire et de bonheur ! Oh ! comme elle m’a compris ! En chasse, en chasse ! Oh ! maintenant, je te comprends, tu ne veux être heureuse qu’aux abois et les pieds en sang ! Oh ! va, j’étancherai lesang de tes pieds héroïques et laverai tes membres purs et parfaits et te bercerai toute la nuit en chantonnant Aditi ! Au haut de la colline bleuâtre, nous allumerons les feux du soir. Et ce sera pour toujours et pour tous les jours ! Et tout l’Olympe parlera du génie de Pan et de ses amours si nouvelles, si pleines d’un caractère moderne. Oh ! qu’elle sera précieuse dans l’automne qui vient et dans la chute des feuilles que nul n’a comprise encore ! Oh ! il faut que, pour cette saison, je perfectionne mon galoubet et qu’il chante enfin aux premières neiges la chose qu’est la chose ! Hoyotoho ! Fuis, fuis, va toujours ! Le soir ne tombe pas encore.

Et pour laisser sa fiancée respirer un peu, Pan, arrivé au haut d’un coteau dominant une nouvelle plaine, fait halte. La fiancée se retourne un instant, s’étonne. En a-t-il assez ? Veut-il renoncer à ce jeu ? Elle n’a pas confiance, elle repart ! Hoyotoho ! le soir ne tombe pas encore.