Page:Laforgue - Moralités légendaires.djvu/203

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midi, l’air est dans l’accalmie et se recueille devant la retraite classique de l’Astre.

L’Astre !...

Là-bas, à l’horizon miroitant où les sirènes retiennent leur respiration,

Les échafaudages du couchant montent ;

De phares en phares, s’étagent des maçonneries de théâtre ;

Les artificiers donnent le dernier coup de main ;

Une série de lunes d’or s’épanouissent, comme les embouchures de buccins rangés dont des phalanges de hérauts annonciateurs fulmineraient !

L’abattoir est prêt, les tentures se carguent !

Sur des litières de diadèmes, et des moissons de lanternes vénitiennes, et des purées et des gerbes,

Endiguées par des barrages de similor déjà au pillage,

L’Astre Pacha,

Son Éminence Rouge,

En simarre de débâcles,

Descend, mortellement triomphal,

Durant des minutes, par la Sublime Porte !...

Et le voilà qui gît sur le flanc, tout marbré de stigmates atrabilaires.

Vite, quelqu’un pousse du pied cette citrouille crevée, et alors !...

Adieu, paniers, vendanges sont faites !...

Les rangées de buccins s’abaissent, les remparts s’écroulent, avec leurs phares de carafes prismatiques ! Des cymbales volent, les courtisans trébuchent dans les étendards, les