ÉTUDES ET CRITIQUES
Les Bourses du Travail et leurs difficultés actuelles
Ce qui caractérise par-dessus tout le mouvement syndicaliste, tel qu’il a été défini par les Congrès corporatifs, c’est son évolution constante. On peut dire qu’il n’est figé dans aucune théorie préconçue, et qu’il cherche dans la vie de chaque jour, et suivant les besoins immédiats du moment, sa tactique, la solution des problèmes qui se posent à lui. Ce qui ne veut pas dire, bien entendu, qu’aucune idée générale ne le guide. Les lecteurs du Mouvement Socialiste savent le contraire. L’action directe, la lutte contre l’État bourgeois et démocratique sont des points de vue que ne perdent jamais les militants, lorsqu’ils se trouvent en face de faits précis et de questions à résoudre.
Lorsqu’on 1892, des travailleurs eurent l’idée de relier entre elles les quelques Bourses du Travail existantes, lorsqu’ils provoquèrent le premier Congrès des Bourses du Travail, aucun d’eux ne semblait prévoir que, dix ans plus tard, le lien qu’ils venaient de créer entre ces institutions économiques s’élargirait au point de devenir ce qu’est l’actuelle Confédération Générale du Travail.
Cette évolution qu’il était difficile alors de pressentir s’est opérée aussi bien dans le domaine des idées théoriques que dans celui de l’organisation pratique. C’est pourquoi je tiens à faire remarquer, dès le début de cet article, que les constatations qui vont suivre n’ont aucun caractère de critique à l’égard de personne, que ce ne sont que simples enregistrements de faits souvent regrettables, mais qui presque fatalement étaient appelés à se produire.
Les Bourses du Travail qui, lors de la fondation de la Fédération des Bourses, semblaient devoir être les piliers de l’organisation ouvrière, subissent actuellement une crise des plus sérieuses, et des
