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l’État libre d’Orange, ne fut atteinte qu’à la tombée de la nuit. À travers la demi-obscurité, je pus apercevoir le cimetière militaire, champ immense de petites croix de bois, marquant l’emplacement où reposent des milliers de soldats morts de cette terrible fièvre entérite qui terrassa plus de soldats dans leurs lits d’hôpital que n’en couchèrent les balles boers. J’avais été témoin, lors d’un séjour à Bloomfontein, de ces funérailles en commun de quarante à cinquante morts qui, chaque jour, quittaient les hôpitaux militaires, sans les vider, car de nouveaux blessés venaient toujours les remplacer.

Le lendemain, nous nous éveillâmes au milieu du désert du Caroo et, dans l’après-midi, nous atteignîmes la crête des montagnes, du haut desquelles nous nous engouffrâmes dans une gorge que la nature avait découpée dans le roc. Le ruban d’acier épousait docilement les courbes gracieuses qui longeaient les précipices et s’accrochait solidement aux flancs d’un rocher abrupt. Les freins, continuellement appliqués, grinçaient avec une persévérance agaçante, qui enlevait un peu de charme à cette descente pittoresque.

Capetown, but de mon voyage, fut enfin atteinte, dans la soirée. Je sautai dans un pousse-pousse et me fis conduire à l’hôtel.

Quel contraste avec les activités guerrières qu’on y voyait deux ans auparavant. L’hôtel