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(St ; 49 et 50.) — Ils embrassent les fossettes de leurs joues ; ils font entrechoquer bruyamment leurs lèvres en jouant dans les boucles qui encadrent leur visage ; ils mettent en désordre leur chevelure et leur font cligner les yeux ; ils chiffonnent avec violence leurs vêtements, arrachent de leur poitrine leur corset et bouleversent leurs seins ; ils font grelotter leurs cuisses et détachent le pagne qui ceint leurs larges hanches.

On connaît le distique de Catulle :

« Quam juvat immites ventos audire cubantem
Et dominam tenero detinuisse sinu »

Quel plaisir d’entendre, de sa couche, rugir la tempête, en pressant sa maîtresse sur son sein.

N° 2. — Visite de Corine à Ovide.

Il est intéressant de rapprocher la visite d’une maîtresse indienne à son amant de celle de Corine à Ovide (Les Amours, liv. ler, élégie 5).

« Vers midi, lorsque j’étais sur mon lit pour me reposer dans un demi-jour mystérieux, Corine entra dans ma chambre, la tunique relevée, les cheveux tombant sur sa gorge nue, plus blanche que la neige, semblable à la charmante Laïs quand elle recevait ses amants.

« Je lui ôtai d’abord sa tunique dont le tissu transparent était à peine un obstacle. Elle faisait quelque résistance à paraître nue ; mais on voyait bien qu’elle ne voulait pas vaincre.

« Quand elle fut devant moi sans vêtement, je ne vis pas une tache sur tout son corps. Ô quelles épaules, ô quels bras j’eus le plaisir de voir et de toucher ! Que sa gorge était faite à souhait ! Quelle peau douce et unie ! Quelle taille superbe et quelles cuisses fermes !

« Mais pourquoi entrer dans ces détails ? Je n’ai vu que des choses parfaites, et il n’y avait point de voile entre ce beau corps et le mien !

« Le reste est facile à deviner. Enfin, après une fatigue mutuelle, nous reposâmes tous deux. »

Ce petit morceau nous charme autant, mais d’une autre manière que les poètes Hindous.

Ce qu’Ovide laisse à deviner, Properce le dit dans l’Élégie v du livre II.

Une nuit de Cynthée donnée à Properce.

« Ô nuit fortunée ! Que de mots échangés à la clarté de la lampe ! Et la lumière éteinte, quels ébats !

« Tantôt elle lutte contre moi, le sein découvert ; tantôt à mon ardeur elle opposait sa tunique. Puis, quand le soleil eut vaincu mes paupières, c’est elle qui me réveilla en les pressant de ses lèvres.