Page:Lamairesse - L’Empire chinois, le Bouddhisme en Chine et au Thibet.djvu/46

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est le besoin d’acquérir. Le sage n’a d’autre ambition de ne rien ambitionner (chap. XIII). C’est donc l’indifférence complète que recommande Lao Tseu. Celai qui est parvenu au culmen du Vide[1], garde fermement le repaire. Par cette quiétude on n’use point la vie ; par suite, o prolonge. « Je suis calme, dit Lao Tseu ; chez mo affections n’ont pas encore germé : Je ressemble à nouveau-né qui n’a pas encore souri à sa mère, » quoi sans affection, Lao Tseu était cependant un philanthrope car il dit : « Faire du bien aux êtres et n’attendre au salaire, telle est la profonde vertu, » Et il a ajouté qu'il faut rendre le bien pour le mal.

Mais c’était un philanthrope de tête, comme on peut citer d’illustres, Lao Tseu a dit : « La prolongation de la vie est une infortune, » cela peut être une conséquence de la doctrine du non agir en considérant la mort comme le suprême repos. Cependant sa secte a présenté la longévité comme la récompense de la sainteté, se plaçant ainsi au point de vue du réalisme chinois.

Lao Tseu condamne l’éloquence et le style : « Les paroles élégantes ne sont pas sincères, les paroles sincères ne sont pas élégantes. L’homme de bien n’a pas de fatalité d’élocution ; celui qui a la facilité d’élocution n’est pas bon (chap. LXXXI). Pour faire comprendre la vérité un langage simple et sans apprêt suffit toujours ; l'éloquence n’est nécessaire que pour induire les esprits faibles dans Terreur et le mensonge. Posséder le savoir et être convaincu qu’on ne sait point, est la condition des esprits supérieurs ; être ignorant et croire qu’on sait est une maladie (chap. LXXI). En d’autres termes l’homme ne vaut quelque chose que parce qu’il sent qu’il ne vaut rien ou presque rien. La vertu s’oppose à ce qu’on fasse étalage des talents et de la science qu’on a acquis, sage se connait lui-même, et ne se met pas en évidence (chap. LXXII) ; il est parfait et semble rempli d’imperfections (chap. XLV) ; il possède l’intelligence du Tao[2] et il a l’air d’être environné de ténèbres ; son aspect est

  1. II faut entendre par ce mot quelque chose comme le Nirvana sur la terre, l’exemption d’impressions, mais non le néant.
  2. Ici le Tao ne peut évidemment être pris que dans le sens de voie.