Page:Lamarck - Discours (1806).djvu/16

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qu’emploie la nature pour créer et développer peu à peu ces organes, je ne crains pas de me voir arrêté par des preuves tirées de faits qui attestent le contraire ; car c’est en consultant les faits eux-mêmes, qu’on peut se convaincre que tout organe quelconque a été formé dans le tissu cellulaire, puisqu’il en est par-tout enveloppé, même dans ses moindres parties.

Aussi voyons-nous que, dans l’ordre naturel, soit des animaux, soit des végétaux, ceux dont l’organisation est la plus simple, et qui conséquemment sont placés à l’une des extrémités de l’ordre, n’offrent dans leur corps qu’une masse de tissu cellulaire dans laquelle on n’apperçoit encore ni vaisseaux, ni glandes, ni viscères quelconques ; tandis que ceux des corps vivans qui ont l’organisation la plus composée, et qui par cette raison sont placés à l’autre extrémité de l’ordre, ont tous leurs organes tellement enfoncés dans le tissu cellulaire, que ce tissu forme généralement leurs enveloppes, et constitue pour eux ce milieu par lequel ils communiquent, et qui donne lieu à ces métastases subites si connues de tous ceux qui s’occupent de l’art de guérir.

Comparez dans les animaux l’organisation simple des polypes qui n’offrent qu’un corps gélatineux, uniquement formé de tissu cellulaire, avec l’organisation très-composée des mammifères qui présentent un tissu cellulaire toujours existant, mais enveloppant une multitude d’organes divers, et vous jugerez si les considérations que j’ai publiées sur ce sujet important sont les résultats d’un systême imaginaire.

Comparez de même dans les végétaux, l’organisation très-simple des algues et des champignons, avec l’organisation très-composée d’un grand arbre ou de tel autre végétal dicotylédon quelconque, et vous déciderez si le plan général de la nature n’est pas par-tout le même, malgré les variations infinies que ses opérations particulières vous présentent.